Métro - Ligne a

Ouest-France a écrit:

Beaucoup de fumée pour le plan Orsec du métro

Brigitte SAVERAT-GUILLARD.

Fausse alerte, mais vrai exercice... Dans la nuit de mardi à mercredi, une simulation d'incendie a mobilisé d'importants moyens, entre les stations Jacques-Cartier et Gare. Sous le regard attentif de la préfecture.

Reportage.

« Vous êtes majeurs et volontaires ? Vous n'avez pas de pathologies respiratoires, de troubles anxieux, il n'y a pas de femmes enceintes ? Il n'y a pas de risques. Il peut y avoir des chutes, mais des ambulances, des pompiers sont sur place. » D'ailleurs, s'il y a le moindre problème, l'exercice peut être arrêté à tout moment.

0 h 30, station de métro Jacques-Cartier. Joseph Hobl, directeur de la sécurité civile, s'adresse aux 84 figurants, les « plastrons », qui se sont portés volontaires pour participer à un exercice Orsec (comme organisation des secours). Ils sont secouristes bénévoles à la Protection civile ou à la Croix-Rouge, employés à la direction départementale des territoires et de la mer, il y a aussi quelques pompiers. Habitués à porter secours à autrui, aux exercices de toutes sortes également.

« Vous avez appelé le Codis ? »

Cependant, ce soir est une première. Il y avait bien eu ce type d'exercice en amont de l'ouverture du métro, « c'est systématique et nécessaire pour rédiger les procédures, très strictes tant pour nous que pour l'exploitant », note Frédérique Camilleri, directrice de cabinet du préfet et directrice des opérations de secours. Depuis, bien des exercices ont été réalisés, mais jamais de cette envergure. « Nous nous préparons depuis six mois. » Il y a bien un scénario de base, mais « ce n'est pas un jeu de rôles ». But de l'exercice, « qui dépasse largement nos obligations réglementaires, apprendre à mieux se connaître, à mieux travailler ensemble ». Et si besoin, modifier, ajuster ou compléter les procédures, très régulièrement mises à jour.

Cette nuit donc, les secouristes sont les sinistrés. « Il va y avoir une simulation d'incendie, alors que nous serons dans une rame. On va attendre qu'on nous donne des consignes pour l'évacuation », explique Elouan Rolland, responsable à la Croix-Rouge. L'alerte sera bientôt donnée. Les pompiers seront prévenus. Soixante-douze d'entre eux interviendront, à grand renfort de matériels et de véhicules postés tous gyrophares tournants, rue de l'Alma et place de la Gare. Impressionnant et inquiétant pour d'éventuels témoins.

Si l'incendie n'est pas réel, les fumées le seront bien et elles devraient être épaisses. Désagréables. Assez pour que les volontaires, minutieusement comptés avant et après l'exercice, se voient équipés d'un masque de protection.

1 h 35, Joseph Hobl informe les troupes : « Mise à feu dans 10 minutes. Capitaine, vous avez appelé le Codis ? » Celui-ci appellera le Samu. Qui contactera l'Agence régionale de santé. Il faudra recenser les hôpitaux susceptibles d'accueillir d'éventuels blessés. Les volontaires sont déjà dans la rame. L'ordre d'évacuation donné, ils auront à parcourir 350 m ou 700 m pour rejoindre, à pied sur les voies, dans le noir et la fumée, l'une des deux stations. « Ils auront des consignes, mais les comprendront-ils ? Comment réagiront-ils ? Est-ce qu'ils vont paniquer ? », s'interroge Frédérique Camilleri. Elle-même restera-t-elle dans la station, ou rejoindra-t-elle le PC métro, à Chantepie ? « Le premier réflexe est de venir sur place. Mais rejoindre le PC peut être plus judicieux. Ici, dans le métro, on n'a même pas une table... »

2 h 40, d'épaisses fumées s'échappent de la station Jacques-Cartier. Ils sont nombreux à déjà être sortis du tunnel : 67 côté Gare, « c'était plus facile, car le désenfumage s'est fait vers Jacques-Cartier », et malgré tout, trois « plastrons » ont pris cette direction, précise Jean-Yves Bouthemy, commandant des opérations de secours.

3 h, tout le monde est sorti. « Il nous reste encore à parfaire l'extinction et à poursuivre la reconnaissance, poursuit Jean-Yves Bouthemy. Apparemment, c'est un incendie de pneus, mais je n'ai pas eu confirmation. » Puis, dans un clin d'oeil, « tout s'est bien passé, il n'y a pas eu de blessé ».