Région Alsace

L'Alsace a écrit:Mulhouse-Paris par la ligne 4, terminus, tout le monde descend bientôt



Une image qui va disparaître du paysage alsacien, le 10 décembre prochain : un train de
voyageurs tracté par une locomotive diesel qui rejoint Paris par la « mythique » ligne 4.

Le samedi 10 décembre à 12 h 40, le dernier train Intercités quittera la gare de
Mulhouse pour rejoindre Paris gare de l’Est, via Belfort, tracté par une locomotive
diesel. Avec l’arrivée du TGV Rhin-Rhône, la « mythique » ligne 4 s’efface doucement

« Mesdames, Messieurs, la gare de Vesoul, Vesoul ! » Confortablement assis dans un siège
vert et gris fatigué, on attend quelques minutes le coup de sifflet du chef de gare qui doit
annoncer le départ imminent du train Intercités 1 040. La rame s’ébranle. La chapelle de
La Motte s’éloigne, puis l’usine PSA Peugeot Citroën défile doucement. Une douce odeur
de gasoil s’infiltre dans la rame défraîchie, baignée de lumière, comme à chaque gare, à
Mulhouse d’où l’on est parti, Altkirch, Belfort, Lure et maintenant Vesoul. Les voitures sont
tractées par une locomotive diesel et ça se sent légèrement quand le conducteur pousse les
gaz. Une dame vient de s’installer et plonge immédiatement dans son roman. « Dans ces
trains, on fait toujours des rencontres. » À Altkirch, on a quitté Pascal, nostalgique d’une
époque qui s’achève. « Tu comprends, ce train, quand il démarre, il vibre. Un TGV, ça fait
‘‘swoooch !’’ » Il vibre encore pour quelques jours, jusqu’au 10 décembre. Ensuite, les trains
Corail de la ligne 4 débuteront leur périple à la gare de Belfort.

Au micro, le chef de train semble embarrassé. « Au nom de la SNCF, je vous présente toutes
nos excuses pour l’absence de voiture 1 re classe. » Ceux qui ont choisi de payer au prix fort
un Mulhouse-Paris en 4 h 30 n’ont plus qu’à demander un remboursement… Qu’importe.

Même en deuxième classe, le confort est correct et l’espace appréciable.

Le paysage d’hiver haut-saônois défile, avec ses bâtisses abandonnées, des près bordurés de
haies et les clochers comtois, au loin. On passe la mythique gare de Culmont-Chalindrey à la
vitesse du vent, un peu déçu de ne pas pouvoir s’arrêter, une dernière fois, dans cet endroit
improbable où sont entretenues les locomotives qui nous transportent. Culmont-Chalindrey,
un lieu qui fleure bon le polar de gare, un nœud ferroviaire lié à l’histoire de la ligne 4, avec
le croisement des lignes Paris-Mulhouse et Dijon-Metz, et sa rotonde couverte capable
d’accueillir plus de 20 locomotives.

De Langres à Chaumont, le paysage est divin, quand le ballast des rails s’accoude aux berges
du canal de la Marne-à-la-Saône. À 160 km/h, on perçoit encore les détails des pêcheurs
endormis près de leur canne, presque les pulsations d’une population engourdie par les premiers
frimas de l’hiver. Tous ces petits riens inconnus des utilisateurs de TGV filant à 300 km/h à
travers la campagne.

Après Troyes, le paysage devient plus monotone, l’habitat se densifie à l’approche de la région
parisienne. La banlieue s’impose doucement, remplace les chemins de traverse. Les premiers
tags apparaissent et la lumière baisse. Un chouïa après 17 h, l’Intercité 1 040 s’arrête sur un
quai de la gare de l’Est. Pile à côté d’un TGV qui le remplacera bientôt, envoyant les habitants
du Sud Alsace vers la gare de Lyon.

L’histoire de la ligne 4 « alsacienne » s’achève, l’aventure du TGV Rhin-Rhône débute bientôt.